Plusieurs mois d'avril

a été publié en 2011 par les Éditions Gallimard – collection blanche

« Mais dans quel temps était-elle, elle ? Quelle heure vivait-elle ? Proches, infiniment proches étaient ces maisons et ces villages et ces boutiques où les gens faisaient leurs courses. Elle en happait un au passage, une silhouette tellement anonyme que c’était justement celle qu’elle choisissait : cet homme avec un grand panier, dédaigneux de l’autocar qui passait à côté de lui, l’autocar charriant pourtant la douleur muette d’une femme qui menait une entreprise folle partie sur les traces de son mari mort venue peut-être jusqu’ici pour lui tendre la main dans l’espoir fou, insensé de le ramener à la vie, telle – en inversant les rôles – une Eurydice son Orphée. »

Avril 43 Féli est brusquement séparée de Jacques ; il est arrêté par la Gestapo … avril 45 le camp de Büchenwald est évacué … sur la route Jacques et quelques compagnons s’évadent … ils finissent leur voyage à Marktschwaben, recueillis par des fermiers bavarois. Jacques ne survivra pas mais aura le temps de laisser quelques feuillets écrits, traces qui ressurgiront, comme des bouteilles à la mer venues du fond du temps.

Féli n’a de cesse de retrouver Jacques, qu’elle ne reverra qu’une fois, avant son départ de Fresnes.

La Libération ne sera qu’un long temps d’attente pour Féli, vivante, qui ne peut aban­donner l’espoir. Elle ne pourra se résoudre au deuil convenu ; elle arpentera l’Allemagne du Sud pour retrouver ses traces ; elle profitera de son statut de veuve d’un ancien de la SNCF pour sillonner la France, rendant visite à d’anciens compagnons de camp de Jacques, hantant les salles de cinémas. Pour échapper à l’insupportable ?

La prose poétique du récit nous entraîne au bord du Styx tel Ulysse retrouvant sa mère aux enfers ; ce chant, homérique, nous transporte au cœur de l’âme des vivants et des morts.

feuilletez

Pour prolonger le plaisir de la lecture, commandez "Plusieurs mois d'avril" auprès de l'éditeur

Vous pouvez entendre un extrait lu par Françoise sur Dailymotion

et voici un autre extrait lu par Françoise

Revue de presse

LivresHebdo

Le chemin d'évacuation
Véronique Rossignol
23 septembre 2011

L’émouvante évocation d’une veuve de guerre sur les traces de son mari,…

Une partie de Féli a été arrachée au matin du 8 avril 1943, à Paris, quand son mari, Jacques … cheminot, capitaine d’un réseau de Résistance, a été embarqué par la Gestapo. Elle tentera ensuite toute sa vie de le retrouver …

L’émotion nait du rythme, des phrases suspendues, des retours à la ligne, qui font respirer et résonner le texte comme dans un poème en prose. … on gardera longtemps l’image de cette femme qui marche et qui regarde à travers la vitre des trains, son corps en mouvement, lesté de « sa douleur invendable. ».

La vie

Je crois très fort que les morts sont avec nous
Interview de Marie Chaudey
27 octobre 2011

… «De son vivant, ma grand-tante ne m’avait jamais parlé de son histoire d’amour. … Son homme est mort loin d’elle après deux ans d’absence, sans qu’elle ait connu ses dernières pensées: voilà ce qui me bouleverse. … Écrire, c’est essayer de retenir ce qui devient invisible. J’aimerais que la force du lien passe dans ce récit, qu’il soit un message de foi en la volonté humaine et en l’amour. Tout est continuation. Rien ne s’arrête d’un coup. Je crois très fort que les morts sont avec nous. »

pour les abonnés

Page

Marie Michaud
1er novembre 2011

À la fois récit et poème en prose, Plusieurs mois d’avril est le témoignage littéraire d’un mythe familial. Françoise Henry … brosse un magnifique portrait de sa grand-tante Féli, qui, privée de son mari, s’est jetée sur les routes d’Europe pour apprivoiser cette absence insupportable en mettant ses pas dans ceux de Jacques, et ainsi prolonger un peu l’être ensemble. … Françoise Henry réussit à nous faire partager sa tendresse pour cette femme qui n’a jamais renoncé à ses échappées ferroviaires … à travers un texte extrêmement poétique, petit bijou de sensibilité dans lequel la délicatesse des images rend hommage à un amour plus fort que la mort

Le Figaro Littéraire

Le voyage sans fin
Françoise Dargent
17 novembre 2011

… Pendant des années, la fille, les enfants, les neveux et les petits-neveux de cette femme se sont demandé où elle pouvait bien se rendre, chaque printemps verdissant. … Féli est I’héroïne du livre de Françoise Henry. Elle fut sa grand-tante, une figure familiale emplie de souffrance, contenue.

L’auteur imagine ainsi les voyages de Féli partant chaque mois d’avril sur les traces de Jacques, …. Féli préfère taire sa souffrance à ses proches. Françoise Henry se réfère alors au langage du corps, décrivant les voyages de Féli comme autant de fugues empressées, …

La forme littéraire est à l’unisson, usant des artifices de la poésie et en se moquant de la ponctuation pour rendre palpable cette quête. … Françoise Henry rend d’une manière délicate et sensible sa raison à Féli, femme brisée mais jamais résignée.

La chronique de Jacques Plaine

Jacques Plaine
1er décembre 2011

Au matin du 8 avril 43 … ils avaient menotté Jacques puis l’avaient embarqué une joue rasée l’autre pas. Féli sans avoir eu le temps d’embrasser son mari l’avait vu disparaitre dans les escaliers … Résolue à retrouver sa trace elle était allée partout avait téléphoné partout et avait appris – un an après seulement – qu’il était interné au camp de Buchenwald.

Elle avait quarante ans Féli ce 8 avril 43 quand les deux gestapistes lui avaient arraché cette chair aimée : « comme jamais ne le font ni la vieillesse ni même la maladie ». … Sans un mot sans un cri elle était partie, avait quitté tout pour savoir. Pour savoir bien après le 18 mai 45 qu’il était mort ce jour-là sur la route de Freising au nord de Munich. … Pour suivre la trace de son mari … elle avait refait sa route, marché dans ses pas cinq ans après, dix ans après, vingt ans après. Elle avait pris des trains … s’était réfugiée dans le cinéma, dans le noir des salles obscures … puis dans le livre et la lecture :..

Cette femme à l’amour brisé et au cœur inconsolable, c’est la grand-tante de Françoise Henry. … Une veuve de guerre à la vie saccagée par l’absence, une veuve de guerre comme le siècle en a fabriqué par millions.

Le Monde des livres

Trouver la parade
Xavier Houssin
22 décembre 2011

Comment éluder le chagrin, le poids du temps ?

une histoire personnelle. Celle de Féli et de son long veuvage. « Je suis restée presque vingt ans à ressasser ce que je savais d’elle … Sa mort récente m’a fait passer du rôle de témoin à celui de porte parole »

Plusieurs mois d’avril n’est pas que le récit d’une absence d’une attente, d’une nouvelle déchirante et de son acceptation Au fur et à mesure d’une narration entêtante, le texte devient la chronique d’un pèlerinage sans fin, d’un chemin à rebours des années et de la mort. … Féli… à la rencontre des derniers jours de celui qu’elle aime. Des derniers paysages. …

Féli, « veuve d’un employé de la SNCF mort pour la France » … ne va cesser de sillonner le pays.

Plusieurs mois d’avril est écrit avec délicatesse … parle de la fidélité et des rêves. De la folie douce et de l’amour fou. Et de ces petits riens qui peuplent les silences. … un des plus beaux livres de Francoise Henry.

La Croix

Martine De Sauto
31 décembre 2011

Chaque année, le printemps venu, Féli prend le train et part sur les traces de Jacques, son mari arrêté un matin d’avril 43, déporté à Buchenwald et mort pendant l’évacuation des camps. Son obsession : retrouver ses derniers instants, …

… récit singulier de cette quête bouleversante. Imprimant à la phrase le rythme obstiné du train … la narratrice, … met ses pas dans ceux de Féli « qui les mettait dans ceux de Jacques ». Francoise Henry trouve une nouvelle fois le ton juste pour dire avec une délicatesse toute en puissance le corps absent, l’amour qui ne se vit plus et la nécessité jamais finie de panser et de penser

La Libre Belgique

La complainte des mois d’avril
Monique Verdussen
6 février 2012

En évoquant la douleur d’une grand- tante qui … vit son mari brutalement enlevé par la Gestapo, c’est d’amour fou que parle Françoise Henry. D’amour fou parce qu’intensément vivant. … « Parce qu’elle n’en pouvait plus de ne plus avoir tous les soirs le corps de Jacques contre le sien. » Recréant à travers une écriture entre récit et poésie le désarroi de celle qu’elle appelle Féli, la romancière nous emporte dans un texte beau comme un chant désespéré, envoûtant comme un poème de Péguy, troublant comme un cri déchirant une nuit noire. Un texte terriblement suggestif.

Pudeur, respect, émotion témoignent de l’extrême sensibilité dont elle entoure son sujet … pour cette raison, elle touche chacun avec une force interne, ici lancinante et infiniment persuasive.

Le Patriote Résistant

La quête des familles
I.M.
mai 2012

« Le style me fait penser à la quête incessante et perpétuelle des familles pour essayer de savoir, recueillir un instant de leur vie, de leur mort. Tout est dit sur la vie qui fut celle des familles de déportés après la guerre, sur ces femmes qui « font l’après-guerre » et qui savent que « nous n’en aurons jamais fini ».

… livre remarquable … qui se lit d’un trait, dont la belle écriture limpide, poétique, rend palpable la douleur sans fond après la perte de l’être aimé … La narratrice est la petite-nièce d’un résistant déporté à Buchenwald et Dachau, mort en Bavière peu après la libération du camp. C’est à elle … de transmettre désormais son histoire et celle de sa grand-tante bien-aimée. …. Elle voulait emprunter les chemins qu’il emprunta et voir les lieux qu’il vit, « pour lui tendre la main dans l’espoir fou, insensé de le ramener à la vie, telle  en inversant les rôles  une Eurydice son Orphée.»

Et aussi

L’Essor Ealardais du 02/12/2011

Globedia du 13/12/2011

Le Bulletin des Lettres du 01/03/2012

Le Progrès du 20/03/2012