Le rêve de Martin
a été publié en 2006 par les Éditions Grasset, et en 2008 aux Éditions Le livre de poche ; il a également été traduit et est paru en vietnamien en 2007
aux Éditions Tông Cong ty Sách – Viêt Nam,
il a été récompensée par le Prix Marguerite Audoux et le Prix Charles Péguy et il a été finaliste du Prix Fémina
« Il m’a caressé la joue comme jamais personne ne me l’avait caressée. J’ai fondu. J’ai tout oublié. J’ai tout donné. Je me suis laissé glisser à terre avec lui. Le crépuscule nous protégeait. La terre était mouillée, l’herbe giflait doucement nos bras nus, je me suis salie, j’ai ri, j’ai eu du plaisir. Tu n’étais pas encore là, Martin, tu venais de commencer le chemin qui te mènerait au jour. »
Martin n’a jamais compris pourquoi il a, un jour, été rejeté par ses parents. Il va enfin découvrir sur quel secret reposait sa vie brisée.
C’est l’histoire d’une mère qui parle à son fils, Martin. Elle veut lui révéler la raison pour laquelle il a été brutalement éloigné de la famille, à l’âge de douze ans, au début des années 40. Il est le seul des six enfants de ce couple d’agriculteurs à être ainsi « placé », forcé de gagner sa vie.
Chez ses patrons, il a été traité en esclave, méprisé et même battu. Toute sa vie, il est resté là-bas, valet de ferme. Sa vie fut totalement gâchée, la vie d’un innocent. Cette mère est morte depuis plusieurs années et son fils, à qui s’adresse la lettre, a soixante-dix-sept ans. Entend-il la voix de sa mère ? Cette lettre fantastique est une lettre rêvée, une lettre d’outre-tombe. Avant de quitter cette maison de retraite qui fut son seul havre sur terre, Martin ne peut-il avoir une chance de comprendre enfin ? Peut-il entendre que sa mère l’a aimé malgré tout, plus que tout ?
Tel est le sens de cette lettre ; elle n’existe peut-être pas ou seulement dans l’oreille de Martin.
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Revue de presse
Le Nouvel Observateur
… un enfant d’agriculteur est rejeté par ses parents. … De ce secret de famille, Françoise Henry a tiré un roman qui serre le cœur
… le lecteur … éprouve à la dernière page du livre un sentiment de soulagement. La vie de Martin avait été un tel calvaire, il avait bien mérité de mourir.
Cette poignante histoire d’un destin brisé, d’un irréparable gáchis, repose sur un secret. Un de ces secrets de famille que la campagne française, experte en camouflage, cache derrière ses rideaux de cretonne et enfouit dans ses grandes armoires à linge. …
… Par quel miracle cette longue lettre posthume ne tourne-t-elle pas au procédé littéraire, à l’exercice de style ? Cela tient à la manière presque physique dont, nous les transmettant à chaque page, Françoise Henry s’approprie à la fois la douleur muette d’une mère et le supplice qu’a vécu, sans se révolter, son fils répudié.
… Le Rêve de Martin ou plutôt le cauchemar de Martin, c’est du Mauriac sans rédemption, du Bazin sans cynisme, du Colette sans joie. … je vous demande de lire ce roman qui sort vraiment de l’ordinaire … C’est quoi, un Martin ? « Un homme sans âge, jamais devenu mari, ni père, privé de ce qui vous fait naitre mais aussi grandir, de ce qui vous jette dans le monde mais aussi vous en donne la force : l’amour d’une mère. »
Le Monde des Livres
Le bonhomme marche, résolu, tournant le dos à la vie qui le rejette. Il a 12 ans … Soixante-cinq ans plus tard, jour pour jour, le voici à nouveau sur la route, clandestin, en fuite, en rupture avec la maison de retraite où nul ne prévoyait cette ultime échappée. …
… long monologue, fluide, simple et poignant, sans concession ni fard, la mère livre enfin à Martin le secret de son destin. … « Observateur de la vie, resté à l’orée d’un festin auquel tu attendrais qu’on t’invite, mais on oublie de le faire parce que tu es trop discret, et que tu n’iras jamais exiger ton billet d’entrée. » Avec l’évidence de l’issue : « Dis-moi, tu l’as eue cette idée, Martin, Dis-le-moi. Tu l’as eue cette idée de t’enfuir à jamais ! »
… La phrase de Françoise Henry a la sobriété et la limpidité de son propos. … elle sait donner à entendre la confession de la mère comme, dans son mutisme même, la douleur de Martin. Le tour de force ne vise aucune virtuosité mais l’émotion seule.
Le Populaire du Centre
Le roman est dur comme un silex, il en possède le tranchant. … Tout est limpide, et la simplicité de la forme accède à une véritable esthétique. … ce livre est bouleversant.
Les grands auteurs ont le pouvoir de rendre mouvante la frontière entre la réalité apparente du monde et l’irrationalité. … « Je t’écris, je te parle. J’ai enfin le temps. Je n’aurais pas eu les mots, sur
terre, pour te parler ainsi. Je n’ai jamais été instruite, je n’ai jamais su écrire correctement . Mais, miracle sans doute, la mort délie les langues brutes, et frustes. Elle donne un langage à ceux qui n’en avaient pas. Elle permet de dire, avec de vraies phrases, et des mots clairs, ce qu’on n’a jamais pu exprimer ici-bas. Un peu comme dans ces rêves où, tout à coup, on quitte ses lourds sabots pour s’envoler pieds nus . . . »
… Quelle est donc la faute que paye le petit Martin ? … Martin est l’enfant d’un instituteur avec lequel sa mère a eu une brève et fulgurante passion. Le père, bien que silencieux, l’a compris. …
Rien, dans ce livre, qui ne relève d’une exceptionnelle lucidité, d’une connaissance poussée des rapports humains. …
… Françoise Henry touche au cœur de ce que pourrait être l’écriture … animée par la recherche de l’extrême grandeur enfouie sous l’humilité. Et l’auteur, par un effet saisissant, apparaît alors penché sur la douleur de ce valet de ferme, comme la mère de Martin, là-bas dans son au-delà, est elle-même inclinée sur la souffrance de son fils.
Le Figaro Magazine
Une mère écrit à son fils depuis l’au-delà. … Dans cette lettre posthume, on peut lire la détresse de deux êtres passés l’un à côté de l’autre sans se comprendre. … Peu de livres serrent le cœur avec autant de grâce que celui-ci, … Cruelle, insensible, cette mère destructrice malgré elle ? On hésite à la condamner, tant sa sincérité émeut …
Libre Belgique
… Les secrets des familles … La mère de Martin vivait plutôt bien sa vie de femme… Le jour où elle retrouve un ami de jeunesse…, elle renoue toutefois avec la légèreté et les émois de ses seize ans. Martin, un petit garçon plus fin et débrouillard que les frères qui le précèdent et que les sœurs qui suivront, naît de ce reflux de jeunesse et de passion lumineuse. … Mais le mari a deviné. Il sait sans rien dire, semblant accepter l’enfant … la mère laissera partir Martin de peur que ses protestations soient perçues comme un aveu.
… Et quand, de l’autre côté de la vie, elle attend qu’enfin la rejoigne ce fils tenu à l’écart durant six décennies, on est ahuri de cette manière de désinvolture qui semble ignorer que Martin aurait pu la haïr et se faire un rêve différent du sien …
Le Figaro Madame
Une femme adresse une lettre posthume à son fils Martin … par sa faute, elle n’a pas vécu à ses côtés. Le 9 mai 1940, Martin est devenu « un être de souffrance » … Martin fut conçu un soir de février, en plein champ. Devait-elle sauver les apparences, partir sans un mot ou parler à son mari ? Armande n’est pas allée au bout, n’a pas eu la force de tout quitter. « Je n’ai rien dit. Je n’ai rien fait » …
… Avec simplicité et force, Françoise Henry renoue un à un les fils d’un drame intime particulièrement touchant.
La Croix
… Comment expliquer un tel mystère d’une vie de soumission, cinquante années passées à se tuer à la tâche ? Dans cette campagne reculée, le silence laisse toujours les interrogations sans réponse. Celle qui sait est morte, elle aussi. Elle est la mère de sang de Martin Petitjean et, depuis son ciel, elle vient tenter de renouer le fil d’un brouillon de vie. « Je t’écris, je te parle. J’ai enfin le temps Je n’aurais pas eu les mots, sur terre, pour te parler ainsi. Je n’ai jamais été instruite » …
Par-delà la mort, voici donc la lettre bouleversante qui annonce les retrouvailles. La merveilleuse énergie de ce récit de Françoise Henry doit beaucoup à un style aussi léger que sensible. … traque avec une rage obstinée les indices qui, malgré toutes les apparences, font la dignité d’une existence. … Le bonhomme à la silhouette fragile n’attend rien pour lui-même, mais crée des instants de bonheur par la rencontre des autres. … libre d’esprit, Martin, autodidacte du sentiment, va même réaliser sa grande œuvre auprès de vacanciers parisiens devenus sa vraie famille d’adoption. De magnifiques pages pour une lecture d’été.
La Provence
Françoise Henry recompose la France rurale de la moitié du siècle dernier décortiquant, avec une infinie justesse, d’effroyables secrets de famille
… Un beau et bon roman. Un livre rare qui procure une grande émotion … C’est une formule dont je n’ai pas l’habitude, mais je l’emploie presque ici avec solennité : faites-moi confiance, lisez-le, vous serez saisi. … La femme qui parle à son fils est morte. Et pourtant même morte, elle souffre toujours. Il lui semble en effet entendre son fils lui murmurer : « Mère, pourquoi m’as-tu abandonné ? »…
… Jamais il n’a connu le secret sur lequel reposait sa vie brisée. Toujours, il s’est cru mal aimé. C’est au moment où il agonise que sa mère morte lui parle enfin et, quand il est trop tard, lui demande pardon.
Ce roman … est magnifique et poignant. Elle a su trouver les mots simples et justes … elle confère à la littérature ce pouvoir magnifique : la rédemption ! Oui, lisez et faites passer.
L’Express
À 77 ans, un fils entend sa mère lui parler de l’au-delà… Et lui demander pardon. Une destinée traitée avec grâce par Françoise Henry.
Tout aurait pu être lourd, pesant, tant Le rêve de Martin confine au cauchemar. Et, pourtant, règne comme un sentiment de fluidité, de légèreté. C’est toute la grâce de Françoise Henry, auteur aussi discret que talentueux, dont les narratrices, oiseaux perchés, aspirent sans cesse à l’ailleurs.
« J’écris. Je crie. » C’est de l’au-delà que la mère de Martin parle … Elle est partie pour toujours, lui n’est jamais revenu. … Son crime, dont il n’aura jamais connaissance ? Avoir été l’enfant de l’amour, … Alors, elle demande pardon. Pardon à ce désormais vieillard … Compliqué aussi, pour une femme, de maîtriser sa propre vie. Françoise Henry ne juge personne. Elle comprend, c’est tout.
Le Point
Une mère écrit a son fils, c’est une lettre posthume, mais doublement. Elle est morte, il va mourir. … ces aveux pudiques et rentrés, cette prose sourde, comme une confession lente à mi-voix.
… Françoise Henry se met sobrement, finement, dans la peau de cette femme … Un lyrisme à mi-voix gagne très vite le lecteur, convié en compagnon-témoin d’un drame sans cris
Elle
… Les livres les plus sombres sont aussi souvent les plus chargés d’humanité et de force, et c’est le cas du « Rêve de Martin ». … la mère a laissé son mari « donner » (ou vendre) un de leurs enfants à un couple de fermiers voisins. Comme cela pouvait se faire dans les campagnes françaises, il n’y a pas si longtemps, leur fils est devenu celui d’une autre famille. Une bouche de moins à nourrir, …
… le style fluide et précis éblouit. Françoise Henry pointe sans concession les plus vils travers de l’homme, qui laissent le lecteur exsangue, une boule dans le ventre et les yeux embués.
Le Télégramme
Un jour, Armande Petitjean retrouve Antoine, un jeune homme qu’elle avait connu alors qu’elle avait16 ans, et lui 20. … une brève aventure, dont naîtra Martin. Un adultère et une naissance dont se vengera, douze ans plus tard, Louis, le mari d’Armande … L’histoire d’une mère rongée par le remords et d’un fils … privé d’enfance et mènera une existence misérable et solitaire, illuminée seulement à la fin par la présence de Parisiens venant régulièrement en vacances dans son village.
Le Journal du Centre
Texte sombre et fragile, ce roman compose une musique tragique. Lien tissé entre une mère et son fils, une longue lettre posthume murmure le chant douloureux et superbe de la réconciliation filiale. Écrit en tâtonnements délicats, Françoise Henry dresse une ode lyrique au pardon.